Depuis mon enfance, j’ai toujours été attiré par l’écriture et la créativité. Avec mon frère, on écrivait des BD entières. Je dessinais beaucoup. Je prenais souvent la machine à écrire de ma mère et j’écrivais des bouts d’histoires. Ma tête était toujours foisonnante de récits, d’inventions et d’aventures, comme aujourd’hui d’ailleurs. À l’adolescence, j’adorais faire des scénarios pour Jeux de Rôle. Puis, il y a eu les années musique et chant qui m’ont également beaucoup occupé. J’écrivais les paroles et composais la musique à la guitare. Nous avons même eu la chance de faire une première partie du groupe Tryo. Enfin, vers la trentaine, je suis revenu à mes premiers amours, les romans fantastiques. Puis sont venus les essais également, liés à ma pratique de la méditation et du Qi gong. Aujourd’hui, je partage vraiment mon temps entre l’écriture et l’enseignement de ces pratiques. Ecrire est plus qu’une passion, c’est pour moi un élan vital. Et c’est un art autant qu’un métier à part entière, même si cela rapporte peu en termes d’argent, mais ceci est un autre sujet.
2/Quelles sont tes conditions pour écrire ?
Il me faut du temps et de l’espace ! Et pas mal de concentration aussi. Écrire demande une réelle et très spécifique concentration. J’ai même noté qu’elle évoluait à travers le temps et l’exercice. Je trouve qu’elle s’approche en qualité de celle que je ressens quand je chante. C’est un état à la fois focus et ouvert, dans le sens où l’Intuition véritable jaillit en soi, si l’on arrive à faire taire un tant soit peu le mental. C’est un travail de l’instant, un travail d’écoute intérieure aussi. Pour cela, j’avoue que la méditation m’aide.
3/ As-tu la phobie de la page blanche ? Si oui, quelle est ta solution pour les auteurs en herbe ?
Je ne crois pas être en mesure de donner des conseils (rires). L’écriture est un art intime -comme tous les arts peut-être? – qui se cultive, se perfectionne, évolue avec le temps et les influences multiples que l’on reçoit de toute part… Je pense, et c’est personnel, que le sujet de la page blanche rejoint la précédente question. Soit cela arrive parce que je suis trop fatigué, dans ce cas, le problème n’est pas le même. Soit, ma concentration bute sur quelque chose et il convient alors de lâcher prise.
Pour moi, l’écriture coule d’une source inconnue. J’ai très souvent l’impression d’« entendre » intérieurement, dans mon esprit, les mots. Comme si quelqu’un me soufflait ce qui devait être écrit. C’est une part de moi… qui n’est pas vraiment moi. À mon sens, l’intuition, la créativité, fonctionne ainsi: il s’agit de se rendre vide, en posture d’accueil et le plus possible détendu, pour que s’écoule en nous ce qui doit venir et passer dans l’écriture. Pourtant, écrire crée aussi parfois une forme de tension. C’est donc tout un art, une sorte de jeu pour se détendre malgré ces moments de tensions qui précèdent et parcourent le temps d’écriture et de création. C’est un mélange entre tension et relâchement, contraction et dilatation, ouverture et fermeture. C’est amusant à vivre.
L’inspiration est pour moi un flux qui passe par l’écrivain, mais qui ne lui appartient pas vraiment. D’ailleurs, c’est un phénomène un peu étrange. L’inspiration n’est pas vraiment a l’artiste – qu’il soit écrivain ou peintre ou autre-. Et une fois l’oeuvre achevée, elle ne nous appartient plus non plus. Alors, a-t-elle été nôtre un jour ?
Ainsi, l’inspiration venant de cet espace autre, l’histoire se construit pas à pas. À ce titre, comme disent Georges RR. Martin ou Stephen King, je suis plutôt un « jardinier », qu’un « architecte ». Ainsi, je plante les graines d’une histoire et je laisse germer. Durant la croissance du récit, les personnages vont s’exprimer, agir, et de là découleront des événements. Bien sûr, j’ai toujours une idée d’où je souhaite aller. Mais parfois, je ne sais pas du tout comment je m’y retrouverai. C’est un exercice très intéressant, et pour ma part il demande patience, confiance et —pour en revenir à la page blanche — un lâcher-prise. J’ai le sentiment que plus on lâche prise en écrivant, plus l’écriture vient d’elle-même.
4/ En combien de temps as-tu écrit ton dernier roman ?
Quelques mois, moins de 6 je crois bien. Mais c’est une question épineuse car le temps peut-être très variable selon l’histoire, la longueur du livre, l’inspiration, le temps pour soi, etc. Donc, le temps d’écriture peut véritablement varier. D’autre part, en général, j’écris plusieurs livres en même temps. L’écriture d’un livre me fait plonger dedans. Mais dès que je sature de l’un et que je ne « vois plus clair », je passe à l’autre. Parfois, je passe même d’un roman à un essai, ce qui me permet de laisser en jachère un ouvrage en cours et d’en reprendre un autre laissé de côté depuis 3 mois. Je change alors d’univers. C’est parfait pour avoir beaucoup plus de recul sur celui-ci et de voir ce qui mérite correction, complément, suppression, etc. Mais d’un autre côté, du coup, je n’arrête jamais !
5/ Plutôt maison d’édition ou auto-édition ?
Les deux ! Certains formats comme les nouvelles en one-shot de ma série « Sorciers » se prêtent bien à l’édition indépendante. Mais sinon tous mes livres sont publiés à compte d’éditeur. D’ailleurs, « Sorciers » va faire l’objet d’une parution en recueil aux éditions NL, chez qui sont déjà parus le « Concile de Merlin » et « 2048 ».
6/ Ton plus beau souvenir en tant qu’auteur ?
Bonne question ! J’en ai plusieurs, entre autres quand un lecteur te dit à une dédicace qu’il a adoré ton livre et qu’il a vraiment apprécié ce qu’il lui avait apporté alors que toi tu n’en savais rien avant de rencontrer ce lecteur. C’est toujours des moments touchants et qui te rappellent pourquoi tu écris ! Les beaux commentaires sur le web font aussi toujours plaisir et aide à continuer d’écrire pour faire rêver ou réfléchir les lecteurs.
7/ Tes livres préférés et ceux qui t’ont souvent inspiré ? Tes auteurs préférés ?
Je réponds à ces deux questions en même temps, car elles me semblent liées. Tout d’abord, je dois dire que j’essaye de lire beaucoup, mais je ne lis pas très vite… ce qui fait que je lis en moyenne 50 à 60 livres par an. Je lis pas mal d’essais et de témoignages de vies spirituelles telles qu’Arnaud Desjardins, Jack Kornifield, HP Blavatsky, mais aussi beaucoup des romans, du fantastique, un peu de SF et un peu de livres historiques et des thrillers. J’ai adoré la série « l’Assassin royal » de Robin Hobb. J’aime bien certains livres de Stephen King, mais je lis aussi Brandon Sanderson [la série des « Fils de Brume » et aussi la série « Les archives du Roshar” que je trouve très prometteuse], Christopher Priest, Philipp K. Dick, Ken Follet, mais aussi des auteurs français comme Paul Beorn, Gabriel Katz, Stephanne Desienne et bien d’autres. Et quelques classiques bien sûr. .
En tant qu’écrivain, il me semble vraiment important de beaucoup lire, de s’ouvrir à d’autres manières d’écrire, de penser, de voir le monde aussi. Cela m’influence et j’aime beaucoup ça. C’est pour moi très nourrissant, et comme dit l’expression, lire des romans permet de vivre mille vies en une seule ! Alors, écrire, je ne vous dis pas ! (rires)
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