LA PEUR ET LA VOIE – (mis à jour le 18/09/20 à 9h)
Je prends mon clavier pour proposer à ceux qui me suivent et ceux que la Voie intéresse ou simplement ceux qui souhaitent réfléchir sur la situation actuelle, tant globale qu’intime. Parce que, il faut l’avouer, la situation nationale, voire mondiale, autant que personnelle a de quoi secouer. Et c’est ce point qui m’intéresse.
Sur la voie, chacun le sait, la peur, la colère et le désir sont parmi les freins principaux au rayonnement naturel de la Conscience.
Or, en ce moment, deux d’entre prédominent largement : la peur et la colère.
Je vais commencer par la peur. Pour paraphraser Franck Herbert (dans Dune) je pourrais dire que « la peur est une petite mort » et en cela il a raison. En cédant à la peur généralisée, nous mourrons un peu. Quelque chose s’éteint.
J’aimerais partager avec vous que la peur est même le principal frein au dépassement de l’ego et donc à la tranquillité intérieure, donc de la sécurité intérieure et donc, enfin, au développement du rayonnement de la Conscience.
Pourtant, la Conscience est toujours là, avant, après, pendant. Au-delà de l’ego, après la découverte de l’existence illusoire de l’ego. La conscience est présente avant notre naissance, après notre mort, etc. La Conscience qui nous habite tous est au-delà de tout cela.
Seulement, l’ego et donc la peur (sans vigilance), la colère (sans vigilance) et le désir (sans vigilance) sont des freins et masquent la Conscience. Elle demeure, mais reste masquée, inaccessible. On la dirait dès lors inexistante (raison pour laquelle les « cartésiens » jugent qu’elle n’existe pas). Et voilà le piège. La Conscience qui, elle, est réelle se trouve par là même dissimulée par l’ego et son lot d’émotions qui, eux, sont illusoires (dans le sens où ils sont composites, tel un mirage qui s’évapore dès lors qu’on lui cherche une limite, une qualité, une temporalité, etc.). Et tout s’inverse : on suit l’ego, on croit en lui et en ses batailles et donc en ses peurs et on tourne le dos à la Conscience (qui d’ailleurs n’est nullement entachée par ce jeu de dupe).
Toujours est-il, qu’ici, maintenant, l’ego et ses peurs semblent redoubler de force et sont sur la scène partout. Et tout le monde s’y met. De son post sur les réseaux sociaux jusqu’au président de je ne sais quel machin devant je ne sais quel micro et TV. L’ego explose. D’ailleurs, on pourrait même dire que l’ultra-capitalisme (existe-t-il même encore ?) et la destruction de notre planète (appelons un chat un chat) sont les œuvres de l’ego du système. Monstrueux, tentaculaire, qui ne recule devant rien et n’hésite devant aucune absurdité ni horreur. Rien ne semble pouvoir arrêter l’ego, ou devrait-on les ego, de ceux qui, chacun à leur échelle, s’accrochent au pouvoir, à l’argent, à l’exploitation de ressources (naturelles et humaines) jusqu’à la destruction puis l’annihilation (combien d’espèces disparaissent ? Combien de rivières polluées ? Etc.).
Bon, comment ne pas déprimer, n’est-ce pas ? Pourquoi même continuer ? Comment ne pas céder à la haine de ceux qui détruisent ? Comment ne pas laisser surgir la peur, pour soit et nos proches ?
Eh bien, d’abord, souvenons-nous de la réponse ancestrale : quel est l’antidote à la peur ? La confiance, la culture et l’enrichissement de la confiance, nourrir la Terre intérieure.
Aujourd’hui, de par le monde et dans les médias, l’illusion généralisée, mirage d’un système déjà mort et d’un paradigme obsolète, est si dense, qu’elle court dans ce sens, se débat en tous sens et concourt à écraser le rayonnement de la Conscience et ce par la peur et la confusion.
L’énergie devient très lourde, très négative, très anxiogène. Il est ardu d’y résister. Il s’agit donc de ne plus y résister, mais de voir cela et de passer à la suite : cultiver la Terre intérieure, l’ancrage, en bref, l’art du Guerrier Pacifique. Souplesse, force, détermination, courage, créativité et résistance pacifique s’il le faut (à ne pas confondre avec la résistance intérieure qui, elle, est contre-productive et bloque la paix intérieure).
Il ressort du constat précédent un abattement terrible (des livres ou des magazines comme Yggdrasil en parle en long et en large). Ceux qui sont sensibles, dans le sens de sensitifs (et non dans le sens d’émotifs et de sujet à la sensiblerie) et intuitifs peuvent se sentir accablés, déprimés même, enfouis sous le poids terrible de la peur ambiante, à laquelle s’ajoute une instrumentalisation digne d’un roman de SF (et j’en sais quelque chose pour avoir écrit 2048). Tout cela développe de la colère, de la révolte, de la rage même. Mais attention, là encore en cédant à cela, nous faisons le jeu du système, du « vieux monde », et dès lors notre paix intérieure s’envole, avec notre sécurité intérieure et la capacité d’être tourné vers notre Conscience, et notre lucidité.
Alors, comme je l’écris dans mes livres, comme me l’a enseigné mon maître et comme je le vis actuellement : nous devons faire « avec ce qui est, car c’est déjà ce qui est ». C’est déjà le présent. Par contre, nous pouvons changer l’instant suivant. Et pour cela, il nous faut de la force, donc de l’énergie. Et pour être dans cette énergie, pour la générer, il nous faut être vigilants, ancrés et décidés.
Donc, d’abord acceptons le fait : la peur : oui. La lutte et la colère en découlent : oui. C’est ce qui est.
Mais nous pouvons demeurer dignes : oui. Nous pouvons ne pas céder à l’absurdité ni à la peur relevant des plus bas instincts et entraînant la pire des choses : le rejet de l’autre, le rejet de soi, l’ego qui écrase l’autre (rappelez-vous, le papier toilette…).
Nous pouvons prendre de la distance (beaucoup de distance) avec les médias, et reprendre contact (beaucoup d’échange) avec nos proches et bien sûr, avec nous-même.
Si nous ne pouvons dépasser notre peur, nous pouvons au moins la voir en face, la contacter. Nous pouvons également pratiquer la présence/vigilance. Nous pouvons prendre soin de nous (ce qui, paradoxalement est à l’opposé du renforcement de l’ego).
L’ego est fait de peurs, de contrôle, de résistance et de lutte. La Conscience est faite d’accueil, d’ouverture, de souplesse. Elle fait naître dignité et énergie.
Soyons forts, soyons dignes et dépassons nos peurs, car les défis d’aujourd’hui (écologique et sociaux, par exemple) et de demain vont nous demander bien plus de force que les moulins à vent et les épouvantails actuels. Quand je vois mon fils de trois ans, cela, je ne peux l’oublier.
Image : Karana Mudra — Karana Mudra est un geste pour éloigner le mal et les démons, dans le bouddhisme tibétain. le Mantra associé à Karana Mudra est :
« Que les obstacles soient enlevés
“Que l’énergie négative soit contrariée”