J’ai été étonné et ravi dans le même temps quand j’ai lu, dans « Écriture, mémoire d’un métier », que Stephen King mentionnait ce phénomène en évoquant que c’est une fonction de ce qu’il nomme « l’œil intérieur ». Ce terme est non seulement juste mais il est de surcroit lié à une réalité énergétique bien connue et largement étudiée dans le Yoga ou le Qi gong ou encore les arts de l’alchimie interne et spirituelle. Pour investiguer ce phénomène de la vision intérieure et développer l’Œil Intérieur, il faut d’abord en prendre conscience de manière poussée et régulière, mais surtout le faire en conscience. Avec la pratique de Présence à soi, autrement dit de pleine conscience, vous pouvez affiner et vivre cette découverte en conscience. Mais sans aller jusqu’à un vocabulaire qui pourrait faire fuir certains lecteurs, ce terme d’ « Œil intérieur » est surtout intéressant parce que, comme je le disais plus haut, il renvoie à une réalité que nous connaissons tous dès lors qu’on lit en étant plongé dans le livre : nous voyons ce que l’auteur nous décrit. Mieux encore, nous voyageons littéralement dans le monde que l’écrivain crée. Et cela, précisément grâce à cet Œil Intérieur, autant le sien que celui du lecteur.
Cet Œil Intérieur n’est autre qu’une partie de ce qu’on nomme le 3e Œil, lié au 6e chakra, « Ajna Chakra », celui de la Connaissance (dans le sens de révélation des choses cachées, invisibles, spirituelles etc.). Il est donc particulièrement amusant de voir que ce chakra, censément n’être ouvert qu’après une longue ascèse se révèle actif dès certains niveaux de conscience basiques tel que celui de lire. Car en lisant, vous voyez des choses qui sont invisibles, n’est-ce pas ? C’est là une des fonctions du 3e Œil, voir ce qui est invisible…
Bien sûr, tous les lecteurs ne sont pas de grands éveillés, extralucides ou clairvoyants. Mais justement, cela permet de mettre en avant un autre aspect des chakras d’un côté et de la lecture de l’autre ainsi que plus globalement la créativité (qui fera prochainement l’objet d’un article). Mais, allons un peu plus loin sur le sujet de l’Œil Intérieur.
La finesse et la profondeur de l’Œil intérieur peut se décupler à mesure qu’on le travaille par certaines techniques mais aussi parce qu’on le rend conscient, qu’on œuvre à la Présence, que l’on apprend à écouter l’intuition (la vraie, pas suivre n’importe quelle pensée tournant dans notre crâne), comme le décrit si bien S. King dans son livre. Et ce « travail » peut être fait autant par l’écrivain que par le lecteur. Pour l’écrivain, l’Œil Intérieur sera même un outil majeur car, par sa pleine conscience ou Présence à soi qui, au final, est présente chez nombre d’auteurs puisqu’ils écoutent et observent le monde autour d’eux et même en eux, il pourra enregistrer en lui grâce à cet Œil intérieur, tout une bibliothèque d’informations, d’images, de sons, d’émotions, etc. liés à son quotidien et qui viendront enrichir et créer une multitude d’aventures dans ses récits. La clé qui permettra de sublimer cette expérience sera la Présence à soi, la Conscience d’être conscient, autrement dit le vivre en pleine conscience.
L’écrivain utilise donc à foison – consciemment ou non – cette fonction de l’Œil intérieur lorsqu’il « capte », mémorise puis retranscrit dans ses livres ce qu’il a vu, en « vrai » puis en imagination. C’est sans doute pour ça, entre autre, qu’on dit qu’un auteur peut se servir du moindre détail de son quotidien pour le mettre dans un de ses livres. Ainsi, lorsque l’écrivain se met à écrire, il plonge en lui, fouille dans sa mémoire puis, grâce à l’intuition autant qu’à la créativité, son Œil intérieur lui fait voir la mémoire cherchée puis l’auteur la transforme en écrit. C’est là ce qui est assez fou quand on y pense car le lecteur la verra lui aussi à son tour lorsqu’il lira le livre, parfois des années plus tard. Autrement dit, l’écrivain voit ce qu’il écrit, puis le lecteur voit à son tour, ce qu’il lit. N’est-ce pas un peu incroyable et même « magique » ? Pour tout dire, je vous réserve une nouvelle sur ce thème, mais chut ! Nous verrons cela plus tard…
En conclusion, il est aussi amusant de noter que l’Œil intérieur dispose de nombreuses autres fonctions lorsqu’il s’éveille pleinement, entre autre celle de « descendre » dans le corps et d’écouter autant que visualiser le monde intérieur qui nous compose. Ainsi, vu sous cet angle, l’induction faite par l’écriture lorsqu’on lit est comme la création d’un monde partagé, un virtuel persistant disponible dans une bulle intemporelle –une bulle de pleine Présence, ou autrement dit d’éternel Présent ?
L’écriture devient alors un rêve éveillé, partagé par de là le temps et l’espace, et tout cela grâce à l’Œil intérieur de chacun.