Est-ce que les artistes qui souffrent créent mieux et plus ? Est-ce que la souffrance est un terreau pour une créativité meilleure ? C’est pourtant une idée qu’on entend souvent : « cet artiste est torturé, sa création est magnifique », etc.

Pour ma part, je pense que la souffrance n’est un terreau fertile à la créativité qu’à la condition de transformer de cette souffrance. La souffrance peut amener à plonger en soi pour en ressortir mieux, renouvelé, voire « né une seconde fois ». Cependant, ce n’est pas la souffrance, ni le fait d’être torturé par celle-ci qui importe alors, mais le trajet de retour, à savoir la sublimation de cette souffrance. La transmutation.

Si la créativité peut naître les racines plongées dans la boue obscure de nos souffrances, tel le lotus, elle ne doit pas moins s’en élever vers la lumière pour survivre, comme la plante aquatique. Si la créativité ne se tourne pas vers la « lumière », la transformation consciente, elle finit par s’autodétruire. À mon sens, si la créativité veut survivre, que ce soit par l’écriture, la musique, peinture ou un autre art plastique, visuel, corporel, etc., elle se doit d’être tournée vers ce qui est création – justement – et cette sorte de lumière, et non vers la répétition mécanique. Car, la souffrance est une répétition mécanique. Répétition de vieux schémas de pensées, de peurs, de colères, d’envies inassouvies, de regrets, d’inquiétudes vers l’avenir, de tensions psychophysiques, etc. La souffrance entraîne d’autres souffrances et le cercle infernal se poursuit.

De l’autre côté, la créativité issue de la transformation – au moins en tentative – de la souffrance offre l’ouverture vers le nouveau, une sortie des schémas de souffrance, un chemin pour transformer celle-ci.

Pourtant, le mythe du rocker torturé, du peintre dépressif ou encore de l’écrivain shooté ou alcoolique, tous catégorisés comme « hyper créatifs », a la peau dure, et étincelante dirais-je. Ils ont, néanmoins, tous été détruits par l’existence qu’ils ont menée dont la tendance à la négativité et l’autodestruction ont été plus fortes que leur art. Alors, certains diront que leur flamme a brûlé plus fort et plus vite, etc. Je dirai plutôt que leur flamme s’est auto consumée voire même a littéralement explosé en plein vol. Dommage, leur créativité aurait duré plus longtemps si leur souffrance avait été sublimée, c’est-à-dire acceptée, transcendée et donc si elle avait été réinvestie.

Alors l’art comme voie de guérison ? Oui, c’est possible, si la souffrance est conscientisée puis transformée et réinvestie dans une création. Si l’art n’est que l’expression directe de la souffrance, sans filtre ni conscience, alors la souffrance se répétera d’elle-même mécaniquement et l’on ne sort pas du schéma répétitif. Autrement dit l’art peut guérir par l’attention qu’on porte à la souffrance, telle la lumière qui attire et fait croître les racines plongées dans l’obscure vase du lotus. Ce n’est donc pas l’art en lui-même qui guérit mais l’intention de conscientiser la souffrance, de l’accepter et de l’accueillir pour enfin « faire avec » et la dépasser. La transcender. C’est cela qui guérit et non l’art en lui-même.

Une fois ce cheminement commencé en soi, il ne s’agit plus d’une compensation momentanée ou d’un pis-aller ne relâchant qu’un brin de pression par la soupape qu’on s’autoriserait entre deux crises de souffrances aiguës, crises qui ne cesseront donc de se reproduire car elles ne sont pas vues en face. Non, une fois la volonté d’y voir clair lancée et l’action de transformer mise en route, c’est bel et bien une prise de conscience profonde, une réalisation du statut d’être humain, du constat de ce qu’on porte en soi et de se dire : « OK, je suis ainsi. J’ai souffert de cela et je souffre encore de ceci. J’accueille et je vois cela. Mais voici ce que je peux en faire, voici ce que, désormais, je peux donner car je l’ai transformé. » C’est infiniment porteur et créateur.

Alors, le compost est devenu terreau, et de ce terreau émerge un jour un verger aux fruits magnifiques. Effectivement, de loin en loin, ceux-ci proviennent d’une souffrance qui était bien présente, mais elle est transmutée et celui qui les porte au monde s’est lui-même transformé. Il ne souffre plus, ou nettement moins. Et l’art et la créativité sont là les Sources Vives qui lui offert et permit cela. Il ne subit plus. Il agit. Il crée.

 

 

 

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